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Danemark - Un archéologue découvre un nouveau style de combat viking

Des archéologues ont enfilé une armure et ont riqué leur vie dans un combat à l'épée pour tester l'utilisation des boucliers vikings. Il en a résulté la découverte des anciennes techniques de combat.

La lumière du soleil rebondit sur la lame d'une épée, brandie par un archéologue revêtu d'une cotte de mailles, dans un coup porté vers le bas cherchant à fracasser le bouclier de son adversaire. Elle frappe avec un bruit sourd, mais l'inclinaison rapide du bouclier défait rapidement l'assaut. L'adversaire est sain et sauf, pour l'instant.

Reproduire de nombreuses autres variantes de ces scénarios de combat a aidé Rolf Warming, archéologue à l'Université de Copenhague, au Danemark, à "redécouvrir" les techniques de combat viking. Protégé par une armure de 12 kilos, Warming se laisse attaqué par un instructeur d'arts martiaux professionnel afin de comprendre comment les Vikings ont utilisé leurs boucliers pour repousser les attaques.

"Il se trouve que les Vikings ont peut-être utilisé leurs boucliers beaucoup plus activement qu'on ne le pensait", explique Warming, qui a étudié la conception des boucliers et les techniques de combat viking dans le cadre de sa thèse sur les pratiques martiales de l'époque des Vikings. "C'est la première fois que les techniques de combat viking ont été scientifiquement testées en utilisant des épées affutées et des boucliers réalistes".

 

L'archéologue a pris une coup d'épée sur la tête

Danemark un archeologue etudie les techniques de combat des vikingsLes méthodes de Warning, quelque peu brutales, ont causé de prime abord une certaine nervosité. "C'était amusant, mais j'étais aussi un peu nerveux parce que nous devions vraiment frapper fort, à la fois dans l''intention et dans le geste, pour que ce soit réaliste".

Pendant l'expérience, Warming a pris un coup sur la tête. Heureusement, il portait un casque et le coup a seulement servi à renforcer sa théorie: "C'est arrivé alors que je me servais du bouclier d'une manière passive. Ceci illustre la futilité d'un usage passif du bouclier et suggère qu'il ne faut pas utiliser le bouclier de cette façon".

Les boucliers étaient utilisés plus activement qu'on ne le pensait. Warming a fabriqué un bouclier viking, donc de forme ronde, pour l'expérience. Il s'est basé sur diverses découvertes archéologiques à travers le Danemark, la Norvège et la Suède pour sa conception.

Le bouclier fait environ un mètre de diamètre et est en planches de pin, recouvertes de cuir de porc traité, et garni sur le pourtour de peau de boeuf brute. En plus de cela, il présente beaucoup de cicatrices de combat. "La coupe profonde ici sur le bord a été faite alors que j'usais du bouclier comme d'une protection passive. Le bouclier a travaillé nettement mieux quand je l'ai utilisé plus activement ".

Cette observation a conduit à l'une des principales conclusions de la thèse de Warming: les Vikings utilisaient probablement leurs boucliers pour repousser activement les coups. Sinon, ils auraient rapidement rompu. Warming ne suggère pas qu'il y avait un style de combat unique en vigueur pour tous les Vikings. Mais selon lui, cette technique active était probablement un aspect important de leur répertoire de combat.

 

Le bouclier est une arme en soi

L'utilisation active du bouclier signifie non seulement que les Vikings se protégeaient probablement derrière le bouclier, mais aussi qu'il l'utilisait activement pour parer les coups et frapper leur adversaire.

Warming a testé sept scénarios "bouclier/ épée" différents. Il a testé le bouclier avec différents angles d'inclinaison, et différentes variantes de postures actives et passives. Ensuite, il a analysé les boucliers pour voir quelle technique fonctionne le mieux. "Quand je me déplacais en avant activement avec le bouclier, il semblait presque être une arme sous deux aspects, parce qu'il est possible aussi bien de parer les assauts que de porter des coups énergiques à l'ennemi avec le bord du bouclier" relate-il.

Aucun sang n'a été versé au cours de l'expérience, mais certains coups auraient bien pu être fatals si cela avait été une vraie bataille viking.

 

De la nécessité de revoir les connaissances actuelles du combat Viking

Avec les tests expérimentaux des boucliers, Warming a également étudié la littérature sur les techniques de combat viking et analysé les vestiges de boucliers provenant de sites aux alentours de ce qui était alors le territoire danois. Sur cette base, Warming a conclu que les Vikings avaient utilisé leurs boucliers ronds presque aussi activement que leurs épées dans le combat.

C'est une conclusion solide et bien fondée, selon l'archéologue Henriette Lyngstrøm, professeur à l'Université de Copenhague, au Danemark, qui a supervisé le projet de Warming. Elle est "incroyablement impressionnée" par son travail.

"Nous n'avons jamais vu les boucliers des Vikings comme quelque chose qu'ils utilisaient activement dans la bataille. Mais sur la base des études de Rolf, nous pouvons maintenant dire comment les Vikings en on fait usage et non plus nous fonder sur des hypothèses", dit-elle.

 

De mystérieux dommages sur des boucliers peuvent maintenant être expliqués

"Les résultats sont en ligne avec les recherches antérieures, et les découvertes sont sans aucun doute importantes pour d'autres archéologues", ajoute Lyngstrøm. "Ils résolvent un problème pour nous, les archéologues, dans le cadre d'une recherche sur les boucliers".

La plupart du temps, seul l'umbo des boucliers est découvert lors des fouilles, c'est-à-dire le dôme de métal qui se trouve au milieu du bouclier. Et ils comportent souvent des entailles et des dommages que les archéologues n'étaient pas été en mesure d'expliquer précédemment."Mais sachant que les boucliers ont été utilisés activement pour parer les coups, cela fait soudain sens", dit Lyngstrøm.

 

Des résultats cohérents avec l'expérience 

L'archéologue Anne-Christine Larsen est intéressée par les nouveaux résultats. Larsen est une chercheuse en charge des fouilles à la forteresse viking de Trelleborg,  qui est rattachée au Musée national du Danemark.

Elle et ses collègues ont souvent discuté des styles et des techniques de combat viking, et doivent souvent émettre des hypothèses à ce sujet.

"Bon nombre des guerriers dans les groupes de combat de Trelleborg et dans notre reconstitution annuelle d'une bataille viking utilisent leur bouclier activement. Donc, il est fantastique d'avoir enfin des preuves scientifiques qui correspondent à ces observations", dit Larsen. "Les conclusions sont particulièrement robustes, car elles comprennent des données réelles provenant d'un véritable test du bouclierIl ne suffit pas d'écrire tout cela, vous devez réellement tester ces hypothèses dans la pratique. Voici ce qu'il a fait et cela a conduit à des résultats très intéressants que nous pouvons certainement utiliser à Trelleborg".

Lyngstrøm est aussi une grand fan de ce genre d'archéologie expérimentale. "Il a combiné le meilleur des deux disciplines en se mettant en situation réelle et en essuyant l'assaut des épées. Voilà ce qu'est l'archéologie expérimentale", dit Lyngstrøm.

 

Prochaine étape: l'expérience avec des haches et des flèches

Warming n'en a pas encore fini avec la violence des techniques expérimentales de combat viking. Il envisage maintenant d'étendre l'expérience afin de savoir exactement à combien de type d'armes pouvait résister un bouclier lors d'une bataille: "J'espère obtenir des fonds pour mener des études similaires, mais avec des haches et des flèches".

Sources: www.videnskab.dk (Dan.), www.sciencenordic.com (Eng, traduction Kernelyd)

 

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