Islande - L'art des Samis précurseur de la colonisation viking
Par Kernelyd Obsidienne | Le 13/02/2019 | Commentaires (0) | Archéologie
Les récentes découvertes lors de fouilles archéologiques dans l'est de l'Islande pourraient radicalement modifier la façon dont l'histoire de la colonisation du pays est racontée. Les artefacts en pierre témoignent d'un savoir-faire technologique complexe, traditionnellement associé aux cultures samies, plutôt qu'au travail de la pierre des Vikings.
Les découvertes sur le site de Stöð soulèvent des problèmes non seulement quant à la date du premier établissement islandais, mais également en qui concerne l'identité des premiers navigateurs à avoir peupler l'île. Dorénavant, les archéologues estiment que des personnes d’origine sami furent parmi les premiers colons à s’installer en Islande, ce qui pose question sur la nature des relations entre les communautés viking et sami.
Les fouilles archéologiques de Stöð, dans le fjord Stöðvarfjörður, sont sans doute les plus importantes d’Islande. Le site a été découvert accidentellement en 2003 et depuis, les archéologues ont mis au jour deux structures de l’Âge Viking et relevé des indices fascinants sur la première colonie islandaise. [cf. Une découverte archéologique majeure sur la présence des Vikings dans le pays]
Un avant-poste saisonnier
Les deux structures se chevauchent; les vestiges les plus récents reposaient au-dessus d'une ancienne structure et altèraient l'impressionnante taille du bâtiment plus ancien, du moins jusqu'à l'été dernier. Atteignant près de 45 mètres d'après les nouveaux relevés, la maison longue est de loin la plus grande du genre à avoir été découverte en Islande.
Ingólfur Arnarson est traditionnellement considéré comme le premier colon nordique d'Islande. Selon les sources écrites, il est arrivé à Reykjavík en l'an 874. Cependant, la datation au carbone sur le site de Stöð suggère que les personnes qui ont construit ces maisons longues seraient arrivées quasiment cent ans plus tôt.
Bjarni Einarsson, l'archéologue qui gère les fouilles, estime que la colonie de Stöð pourrait être un avant-poste saisonnier pour l'exploitation des ressources telles que la pêche. À l'époque, ces camps étaient très répandus en Scandinavie. À l'automne, les habitants rentraient chez eux avec des provisions et une connaissance àchaque fois plus approfondie du nouveau territoire.
Le nom 'Stöð' se traduit en fait par camp ou station et son emplacement dans l'est de l'Islande - le point le plus proche du continent scandinave - ajoute de la crédibilité à cette théorie. L'absence de preuves en matière d'élevage suggère en outre que la nature de ces colonies n'était pas permanente.
Des colons samis
Il n'est pas possible d'identifier l'origine exacte des bâtisseurs qui ont construit les avant-postes de Stöð, mais le pur style de construction nordique indique qu'ils venaient de Scandinavie.
Les archéologues pensent désormais que certains colons samis faisaient partie de ces avant-postes. Plus de 200 pierres de taille et outils en pierre ont été découverts sur le site, dont certains témoignent d'un savoir-faire extrêmement qualifié, qui n'était alors connu que par les Samis de la région nordique.
Des artefacts habilement travaillés en jaspe et en calcédoine indiquent des techniques extrêmement complexes qui n'auraient pas pu être simplement développées, mais impliquent plutôt des connaissances transmises de génération en génération. La culture à laquelle ces outils en pierre correspondent le plus est celle du peuple Sami, un groupe ethnique originaire des actuelles régions du nord de la Suède, de la Norvège, de la Finlande et de la péninsule russe de Kola.
La preuve de liens interethniques
Les historiens et les archéologues ont débattu de la propagation du peuple sami pendant de nombreuses années, et ces récentes découvertes suggèrent que leur migration aurait pu s'étendre à l'Islande.
L'archéologue Bjarni Einarsson estime que cet avant-poste aurait pu être une colonie sami, sous la direction d'un chef, chargée de livrer des ressources à leur terre natale. Traditionnellement, les Samis avaient plusieurs moyens d'assurer leur subsistance, et le camp de Stöðvarfjörður aurait pu être utilisé pour pêcher, chasser les oiseaux de mer et les phoques, ainsi que pour produire de l'huile à partir de graisse de baleine.
L'établissement en Islande aurait très bien pu être fondé sur le partage de connaissances entre les communautés sami et viking, ce qui soulève à son tour de nouvelles questions quant aux relations qu'entretenaient ces différents groupes. Il a été prouvé que des mariages interethniques ont eu lieu et les liens se sont peut-être resserrés un temps, avant que la christianisation ne diabolise et éloigne le peuple païen sami de ses voisins vikings.
Les fouilles sur le site de Stöð devraient se poursuivre cet été 2019, apportant la possibilité de nouvelles réponses et, peut-être, de nombreuses autres questions.
Sources: www.now.guidetoiceland.is, www.ruv.is (traduction et réécriture Kernelyd)
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