IDAVOLL

Norvège - Une parure du début de l'Âge Viking livrée sur un plateau au Musée de Stavanger

Les archéologues n'ont pas toujours besoin de fouiller pour faire de grandes découvertes. Ceux du Musée de l'Université de Stavanger ont reçu des artefacts provenant d'une tombe féminine de l'Âge Viking, littéralement livrés "sur un plateau d'argent".

"Ou plutôt, un plateau d'étain", rectifie l'archéologue Kristine Sørgaard du Musée Archéologique de l'Université de Stavanger.

Appelée début Juillet à l'accueil du Musée Archéologique de l'Université de Stavanger, elle était loin de se douter de ce qu'elle allait découvrir dans le sac en plastique déposé par un donateur souhaitant rester anonyme. À l'intérieur, sur un plat en étain, se trouvaient deux broches-tortues en bronze, dont une quasi intacte, deux parties d'un bracelet et un collier de 50 perles, tous typiques d'une belle parure de l'Âge Viking, datée du IXème siècle.

 

Une découverte vieille de 70 ans

Norvège - La parure appartenait au début de l'Âge Viking à une femme de haut rang à Frafjord - Photo: Annette Øvrelid / Musée Archéologique, UiSLe donateur n'est pas celui qui a fait la découverte, mais la personne en question a informé le musée que cette parure avait été mise au jour à Frafjord, dans la municipalité de Gjesdal, il y a environ 70 ans. "À Frafjord et dans la partie sud de Ryfylke, beaucoup [d'artefacts] des périodes antérieures à l'Âge Viking ont été découverts, mais très peu de l'Âge Viking-même. L'enregistrement de tels objets est donc très précieux pour l'histoire de la région", a expliqué l'archéologue Barbro Dahl, qui a effectué de nombreuses recherches archéologiques dans cette partie du pays.

Kristine Sørgaard ignore pour quelle raison les artefacts n'ont pas été remis plus tôt au musée: "Il arrive souvent que les gens aient peur de signaler des découvertes parce qu'ils pensent que cela peut avoir de terribles conséquences. Nous essayons de communiquer sur le fait qu'il n'y a pas à craindre, par exemple, que toute une propriété soit fouillée". En Norvège, rappelle-t-elle, il est obligatoire de signaler et de soumettre au Service du Patrimoine culturel toutes découvertes antérieures à 1537.

Les bijoux, quant à eux, ont dû rester longtemps dans un tiroir. "Ils sont très poussiéreux. Cela se voit clairement au microscope", relève la conservatrice, Louise M. T. Jensen, qui souligne l'urgence de procéder enfin à leur conservation. 

 

À la mode de l'époque

La parure de la femme de Frafjord témoigne avant tout, d'après Kristine Sørgaard, du commerce international florissant à l'époque viking. "Les broches-tortues étaient produites en masse dans des villes telles que Ribe, tandis que plusieurs des perles pourraient provenir de la Méditerranée et du Moyen-Orient", a-t-elle indiqué. 

La femme qui l'arborait devait plutôt appartenir à la classe sociale supérieure, selon elle,  "car tout le monde n'avait pas la chance de porter de tels bijoux. Les bijoux montraient non seulement quel statut elle avait dans cette vie, mais aussi quelle position sociale elle devrait prendre dans la vie après la mort, et ils étaient donc des marqueurs sociaux importants, non seulement sur terre mais aussi dans l'au-delà."

Sur sa poitrine, le collier de perles était probablement suspendu aux deux broches ovales qui servaient à agrafer les bretelles de la robe-tablier, comme le voulait la mode à l'époque.

 

Des perles transmises de mère en fille?

Le collier se compose principalement de perles-mosaïque colorées et de perles argentées ou dorées à la feuille, pour imiter ces métaux précieux.

L'une d'entre elles, une perle bleue décorée d'un filament blanc, ressemble beaucoup à d'autres perles connues qui ont été datées de 850 de notre ère. C'est précisement celle-ci qui a permis aux chercheurs de dater toute la parure du IXème siècle.

Mais le plus remarquable, ce sont 3 perles de verre bleu qui remontent à l'Âge du Fer et qui pourraient donc avoir au moins un siècle de plus que toutes les autres, voire davantage.

"Soit ce sont des objets de famille, soit les perles de deux tombes différentes qui sont mélangées. Nous ne le saurons jamais. Il est triste que nous n'ayons pas eu connaissance de cette découverte, et que les professionnels n'aient pas eu l'occasion d'enquêter sur le site, car ils nous manquent beaucoup d'informations importantes", a conclu Kristine Sørgaard.

 

viking archéologie Stavanger bijoux perles broche tortue bracelet Frafjord

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire