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Norvège - Une pièce de jeu avec une inscription runique trouvée à Trondheim

Un objet couvert de runes a été mis au jour l'année dernière, à Trondheim. D'après les archéologues, il s'agirait d'une pièce de jeu, rarissime en Norvège, dont l'inscription runique récemment déchiffrée signifie "frère de bataille".

La découverte a été faite dans le centre médiéval de Trondheim, l'ancienne capitale de Norvège fondée par le roi Olav Tryggvason en 997 avant d'être éclipsée par Ánslo (Oslo). 

Les archéologues de l'Institut norvégien de Recherche sur le Patrimoine culturel (NIKU) sont intervenus en urgence, avant des travaux de réparation d'un ancien tuyau d'égout au niveau du n°9 de la rue Erling Skakkes. Bien que la ville soit traversée de part en part par différents réseaux enterrés, il restait à cet endroit précis une zone de couches culturelles inviolée de 4 mètres de long sur 1 mètre de large.

 

À près de 4 mètres de profondeur

Norvège - L'artefact découvert à Trondheim a été interprété comme étant une pièce de jeu avec une inscription runique - Photo Dag-Øyvind Engtrø Solem / NIKU"Dans les couches supérieures, nous avons trouvé des planches partiellement préservées, qui peuvent avoir fait partie d'un petit tracé routier. Ces couches se sont fortement incurvées vers le milieu, ce qui est dû au fait qu'il y avait une fosse profonde en-dessous qui s'est effondrée au fil des ans", rapporte l'archéologue Dag-Øyvind Engtrø Solem.

À 3,8 mètres sous la surface actuelle, des dépôts dans la fosse ont été datés entre 1000 et 1150 environ, tandis que dans une couche un plus haut du charbon a été daté entre 1030 et 1180 environ. C'est entre ces deux couches que les archéologues sont notamment tombés sur ce qu'ils pensent être une pièce de jeu.

"En fait, nous avons vu l'objet en même temps et nous étions très impatients de découvrir ce que c'était", se remémore l'archéologue Guro Skogvold. L'artefact, supposé être une pièce de jeu en stéatite, présente des décorations incisées ressemblant à des motifs floraux. Certaines lignes, cependant, leur faisaient davantage penser à des runes.

 

Des runes préalablement dessinées

Des images haute résolution de l'objet ont été envoyées à la runologue Karen Langsholt Holmqvist, qui a trouvé la découverte si intéressante qu'elle est venue à Trondheim pour voir la pièce de jeu de ses propres yeux. 

Une fois sur place, elle a confirmé qu'il s'agissait bien d'une inscription runique. "Lorsque vous regardez la pièce de jeu pour la première fois, il peut sembler n'y figurer qu'un motif géométrique légèrement irrégulier, peut-être un cristal de glace. C'est en l'examinant de plus près que j'ai vu que les lignes ne formaient pas des motifs aléatoires, mais une inscription runique soigneusement exécutée. Comme l'inscription suit la courbure de la pièce de jeu, elle paraît un peu bizarre et étrange, mais il ne fait aucun doute que ce sont des runes", a déclaré l'experte.

L'étude de l'artefact au microscope lui a permis d'observer plus finement d'autres détails. "J'ai aussi détecté la présence de lignes directrices dessinées, ce qui signifie que celui qui a gravé les runes avait bien prévu de faire correspondre l'inscription à la forme ronde de la pièce", a-t-elle révélé tout en précisant qu'il y a aussi des espaces sans runes décorés par un motif.

 

"Frère de bataille"

Les runes sont parfaitement lisibles. "C'est écrit 'SIGGSIFR'. Sur de petits objets comme celui-ci, il est assez courant de recourir à des diminutifs, et SIG- est un préfixe très courant dans les prénoms. On le retrouve dans les prénoms masculins et féminins, tels que Sigurd et Sigbjørn ou Sigfrid et Sigrid. Lorsque le nom se termine par -R, on peut supposer que l'on a un prénom masculin, et ce qui est intéressant ici, c'est que le mot 'SIFR' est un heiti, c'est-à-dire un mot métaphorique et poétique en norrois, signifiant 'frère' ", explique Karen Langsholt Holmqvist.

Le préfixe Sig- signifiant "lutte", il pourrait s'agir, selon la runologue, d'un prénom jusqu'ici inconnu ayant le sens de "frère de bataille".

Mais servait-il à désigner la personne qui a fabriqué la pièce de jeu ou l'individu qui possédait l'objet?

L'archéologue Dag-Øyvind Engtrø Solem formule une autre hypothèse selon laquelle l'artefact pourrait avoir été, par exemple, une pièce maîtresse aux échecs appelée pour le joueur "frère de combat" : "Après tout, les armes avaient souvent des noms, alors pourquoi pas une pièce de jeu?"

 

Une découverte rarissime en Norvège

"Depuis que j'ai étudié la runologie, j'ai toujours voulu trouver une inscription runique, alors c'était une trouvaille de rêve!, a confié Dag-Øyvind Engtrø Solem.

Il s'agit d'une découverte d'autant plus inhabituelle que seuls deux objets avec des inscriptions runiques, constituées seulement de noms, ont été mis au jour à Trondheim auparavant.

"Ailleurs dans le pays, je ne connais qu'une seule autre pièce de jeu avec des runes, elle a été trouvée dans le quartier de Bryggen à Bergen", relève l'archéologue. Mais là aussi, indique-t-il, personne ne sait si l'inscription ("Viking", qui était un nom commun au Moyen Âge) fait référence à la personne qui possédait l'objet, la personne qui a fait l'inscription, ou si c'était le nom de la pièce à jouer.

Source: www.niku.no (traduction et réécriture Kernelyd)

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