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Science - Le bûcher funéraire était conçu comme un spectacle selon une nouvelle étude

  • Le 12/02/2017
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Le bûcher funéraire a été un rituel important durant des milliers d'années dans l'histoire du Danemark. L'étude menée par l'archéologue danois Mogens Bo Henriksen défend l'idée que la mort faisait alors l'objet d'une mise en scène où les flammes du bûcher offraient un spectacle fracassant et retentissant. 

Les flammes dansaient jusque très haut dans l'air au-dessus du corps. Du bois devait être empilé sur une suface de 10m par 20 et jusqu'à 2 mètres de hauteur pour les funérailles d'un chef. Ainsi un grand homme pouvait entamer son voyage vers l'au-delà.

Danemark - Mogens Bo Henriksen a étudié les bûchers funéraires en procédant à la crémation de porcs morts, photo par Mogens Bo Henriksen"On utilisait beaucoup plus de bois que nécessaire. Quelques mètres cubes dépassant la taille du défunt aurait été suffisant. C'était voulu pour que cela puisse être un rituel spectaculaire", explique Mogens Bo Henriksen, archéologue au Musée d'Odense, qui a présenté sa thèse de doctorat sur la signification des bûchers de crémation au Danemark.

Les funérailles d'un ancien chef qui fut incinéré à proximité de la commune actuelle de Lejre, il y a plus de 2000 ans, ont dû offrir un magnifique spectacle aux participants. Mais ce chef n'est qu'une figure, parmi des milliers d'autres danois, à avoir été incinéré lors d'un rituel de crémation.

Certains ont bénéficié d'un énorme bûcher, comme par exemple les défunts placés dans un bateau. D'autres ont été incinérés avec tout juste assez de bois, le strict minimun requis. La crémation reflétait le statut social du défunt.

"Avec la taille du bûcher, évolue le nombre d'offrandes symboliques, comme des perles en argent et en or. Cela est valable pour tout le monde, on brûlait les morts selon toutes sortes de crémation et parfois dans un bateau pour un noble", explique Mogens Bo Henriksen.

 

Des pierres à feu comme ancêtres des pétards

La crémation proposait un spectacle pour tous les sens.

"Le feu était parfois alimenté avec d'épais morceaux de bois. Le seul but était d'augmenter la combustion, de sorte que le public puisse voir de plus grandes flammes. Ils ramassaient des silex qui étaient jetés dans le feu. La teneur en eau interstitielle des pierres à feu contribuait à créer un beau vacarme", explique Mogens Bo Henriksen. Les silex étaient utilisés délibérement pour faire du bruit et d'après lui, cela en fait les ancêtres des pétards. 

Mogens Bo Henriksen parle aussi de plantes spéciales et du bois utilisé pour le feu afin de dégager de la fumée et une odeur particulière, car selon lui, le choix d'un bûcher à l'air libre n'est pas un hasard.  "Pourquoi pas ne pas avoir construit une sorte de four? Cela aurait permis d'économiser du bois et d'être indépendant de la météo. Il y avait une raison à cela. Il fallait être en mesure de suivre la transformation que le feu induit. C'était une partie importante du processus de séparation avec les morts. Nous ne pouvons pas imaginer cela aujourd'hui où la crémation se fait en secret ", dit l'archéologue.

 

Les cimetières, un lieu à la fois pour les morts et les vivants

Pour les Danois de nos jours,cela semblerait bizarre de vouloir procéder à une crémation aussi spectaculaire que possible, mais pour autant Mogens Bo Henriksen refuse de considérer que les gens d'autrefois étaient primitifs.

"Il faut penser à plusieurs choses. Les crémations n'étaient pas faites de façon aléatoire ou dans des endroits au hasard. Le lieu était sélectionné et cela est valable à l'Âge du Bronze, à l'Âge du Fer et à l'Âge Viking. Cela ne devait pas avoir lieu là où il était plus facile d'obtenir du combustible, mais là où les morts étaient inhumés", a déclaré Mogens Bo Henriksen.

Les rituels ont été considérables et ont laissé des traces sur les lieux d'inhumation bien longtemps après les crémations. "Il n'y avait pas que la crémation. Il y avait des aliments, des dépôts d'os, des sacrifices d'animaux et des armes. Les tombes étaient scellées et rouvertes. Ce n'était pas seulement un endroit où l'on avait incinéré et inhumé des personnes. Plus que cela, cela représentait la transition de la vie à la mort. Il y avait un état d'esprit très développé derrière ces processus".

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