IDAVOLL

Erzebeth - Quand le Metal rime avec Histoire et Viking

Un coup de fil à un vieil ami et voilà le groupe Erzebeth qui concocte, en quelques répétitions, une set list multi-époques avant d’embarquer vers le Nord de la Bourgogne! Et dans leurs bagages, deux fameuses reprises de morceaux inspirés par les Vikings… C'est ainsi qu'Erzebeth a livré son premier concert, en mode 'folk lyrique' et en exclusivité, à l’occasion des Médiévales de Cerisiers, événement dont Idavoll était partenaire, le 1er Juillet 2017.

L’occasion pour Idavoll de faire un point musico-historique avec Marion-Lamita Peubey (chant) et Anthony Zabrocska (chant et guitare).

  • Qui sont les membres d’Erzebeth et comment la rencontre s’est-elle faite ?

Marion-Lamita - J'ai rencontré Tony le 19 Octobre 2015, et ce fut un véritable coup de foudre musical ! Nous nous sommes très bien entendus dès notre première rencontre, je dois dire que c'était assez inattendu… Il faut dire qu'au départ, nous ne nous connaissions que d'Internet, et à l'époque j'avais une idée assez floue de ce que je voulais faire, je savais seulement que j'avais envie de remonter un groupe de metal avec des musiciens (suite au split de Darkonelly, mon précédent groupe de ‘doom’), avec une histoire de Comtesse (le nom de base du projet était Dramatica, pour le côté théâtral et bien sûr dramatique !). Vu que le courant est bien passé, nous avons décidé de baser notre projet sur la comtesse Erzebeth Bathory (époque XVIème-XVIIème siècle), célèbre pour avoir été une sorte de 'Dracula' qui se baignait dans le sang de vierges. Erzebeth est ainsi né!

Erzebet: Marion-Lamita, Tony et QuentinTrès vite, Tony m'a montré quelques compos (des ébauches qui dataient même de l'époque de Giktor Velu et de Sahar - ses précédents groupes de thrash-death et de black, respectivement – car il a toujours voulu faire en amont un projet plus ‘soft’ avec du chant féminin), et nous nous sommes donc mis à travailler ensemble : je l'ai aidé pour certains arrangements, la composition de l'intro générale et l’intro de l'un des morceaux... Pour ce qui est des paroles, certaines ont été écrites par lui, d'autres par moi, parfois au sein d'un seul et même texte. Nous nous complétons parfaitement pour l'écriture car Tony se concentre plus sur le côté  "factuel", historique et philosophique, tandis que moi je m'épanche plutôt sur le côté émotionnel, romantique et psychologique, disons.

Une fois les compositions prêtes, nous avons recruté des musiciens: Quentin à la batterie, Luc à la deuxième guitare – tous deux des anciens de Darkonelly – ainsi que  Victor à la basse. Mais ce line-up en configuration électrique et la musique jouée n'ont pas fait l'unanimité… Malgré ces petits soucis, l'album est en train d'être enregistré en studio (et il s’agira bien d’un album de metal, sous diverses facettes…). A côté, je me consacre à mon projet solo Marion Lamita (metal lyrique symphonique), où je revisite encore d’autres facettes et influences moins exploitées.

Suite à l'opportunité du concert des "Médiévales de Cerisiers" (dont nous te sommes grandement redevables, merci !), nous avons eu l'idée de réarranger deux de nos compositions ("Frozen Time" et "Darvulia’s Lament") en version acoustique ainsi que de choisir des reprises de circonstance, en corrélation avec l'univers folk, médiéval et Viking. Erzebeth 'live' (et donc en mouture "acoustique", car il n'est pas question pour l’heure que nous donnions des concerts dans une configuration ‘metal’) est ainsi composé aujourd’hui de Tony à la guitare et en seconde voix, du fidèle Quentin aux percussions/batterie, et de moi-même au chant lyrique et clair. Comme vous le voyez, l'histoire du groupe est pleine de rebondissements et Erzebeth n'a pas fini de vous surprendre !

 

  • Ezebeth enregistre actuellement son premier album « Blurred by the Crimson Curse ».  Peut-on parler d’un album-concept?

Tony - Un peu, qu’il est conceptuel !! (rires) Mais peut-être pas de manière aussi évidente que des albums de prog ou d’opera-metal plus typiques où les morceaux s’enchaînent, où tu retrouves souvent des bruitages, des leitmotivs et autres motifs mélodiques qui reviennent au gré des morceaux, etc.

Nous respectons en tout cas scrupuleusement la chronologie historique, même si nous avons été un temps tentés de ne pas le faire (un peu à l’instar d’Adrana, qui sur leur dernier album avaient volontairement changé l’ordre de leurs morceaux…). Mais cela aurait peut-être un peu trop embrouillé les esprits, et nous voulions au contraire faire un peu la ‘lumière’ sur ce personnage méconnu et malmené que fut la Comtesse Sanglante !

Et le fil conducteur est donc bien son histoire, on retrouve ainsi comme tu peux l’imaginer des parties narratives (Marion-Lamita a également une très belle voix 'parlée', et moi je pense que c’est le domaine dans lequel je me débrouille encore le mieux - rires…), ainsi que des "dialogues" entre les personnages. Il y a aussi une intro/prologue, une outro, et les différentes pistes sont intitulées "scènes", retraçant ainsi tel événement bien précis dans le déroulement de l’histoire ou dans l’état d’esprit de tel ou tel protagoniste.

Au niveau des styles, on s’est bien lâchés sans s’imposer aucune limite, et ça va donc du metal gothique à un metal plus atmosphérique avec une pincée de doom en passant par le metal sympho (mais pas trop), du bon gros heavy, de la ballade etc. Il y a même des moments black [i.e. black metal, ndlr], quelques "growls" et un morceau plus orienté electro-new wave, c’est te dire… C’est donc très complet, et pas juste un recueil de morceaux. Les paroles ont aussi toute leur importance !

Marion-Lamita - Selon moi, ‘Blurred by the Crimson Curse’ raconte l'évolution d'Erzebeth : son histoire d'amour avec Ferenc Nadasdy (son mari), que nous avons un brin romancée par exemple, mais pas seulement! Car à travers les textes et les différentes ambiances, nous plongeons au plus profond de l'âme sombre de la Comtesse, et nous entrevoyons donc un peu de ses tourments les plus intimes, jusqu'à sa mort.

La réponse est donc doublement oui : il s’agit bien d'un album-concept, proche d'une biographie car nous nous efforçons de respecter les faits historiques. Nous avons dû nous documenter pour rester le plus fidèle à la réalité, et ce qui est difficile avec le personnage de Bathory, c'est que nous ne saurons jamais si elle a réellement été cet horrible personnage sanguinaire, car beaucoup de choses ont été grossies, déformées (c’est d’ailleurs là le double sens du titre de l’album, qui peut aussi impliquer la perception du lecteur…), voire instrumentalisées via notamment des témoignages ‘forcés’… C'est pourquoi nous avons choisi de nous consacrer plutôt à l'Histoire et moins à la Légende !

Enfin, la dimension émotionnelle, lyrique et romantique est aussi de mise avec son idylle supposée avec le personnage de Darvulia (cf. le morceau "Darvulia's Lament "), sa dame de main et favorite, sorcière présumée, car il est clair que le personnage de Bathory est également importante dans le folklore de la culture disons ‘gothique’, en effet, et qu'il aurait été dommage d'occulter cette facette qui peut intéresser des amateurs du genre !

 

  • Quel(s) lien(s) faites-vous entre la musique métal et les Vikings ? Comment expliquez-vous l’abondance de références aux Vikings dans ce style musical?

Marion-Lamita - Je pense que les Vikings véhiculent une image forte, d'hommes et de femmes 'massifs'. Il me semble donc logique qu'ils aillent très bien avec l'univers "metal", avec cette puissance que l'on ne retrouve pas dans tous les styles de musique. Egalement, d'après mes maigres connaissances sur le sujet, les Vikings étaient surtout originaires des pays septentrionaux (Norvège, Suède, …), et ces pays sont considérés comme un 'terreau' fertile pour la musique 'metal' : elle y est très présente, tout comme chez leurs voisins de Finlande, et ce style passe même parfois à la radio (ce qui est très loin le cas en France...). Voilà pourquoi, selon moi, les références  aux Vikings abondent dans le paysage 'metal'.

Tony - Les Vikings fascinent, c’est une évidence. L’ancien temps par chez nous a été marqué par les invasions dites barbares et tous les troubles engendrés (qui ont aussi contribué à façonner notre culture…). Et parmi ceux-là, on a surtout retenu les Hommes du Nord parce qu’ils avaient en effet une image très forte, des us et coutumes entre autres traditions fascinantes, tout comme leur mythologie, leurs rites etc.

En tant que 'metalleux', nous sommes parfois encore (bien trop souvent !) nous aussi vus comme des ‘barbares’ (suivez mon regard vers la clique à Boutin & co, ou même le grand public mal informé et ainsi induit et conforté dans l’erreur…). Et pourtant, nous aussi avons su laisser une empreinte marquée au fer rouge, faire face, effrayer, fasciner ou tenir en respect, pour au final nous implanter, nous imposer dans la durée (parfois à la force de nos poignets là encore!), comme une force incontournable sur laquelle il faudrait à l’avenir compter, avec là encore également nos codes, nos rituels, parfois des allures et une pilosité similaire (rires)... Un sentiment de fronde et d’opposition à l’ordre établi, qu’il soit dans les esprits, les institutions ou plus spécifiquement religieux, illustré par les groupes de black metal norvégiens dits de la "seconde vague", qui ont bien su réveiller - à l’ extrême!- l'esprit de conquête de leurs supposés 'ancêtres' (parfois plus par rébellion juvénile et du fait de la pression de "groupe" qu’autre chose, d’ailleurs…).

C’est là le parallèle que l’on peut donc établir, tout comme plus ironiquement le fait que ce style aujourd’hui (je parle du 'Metal') - que j’ai connu autrement plus frondeur, à contre-courant et droit dans ses bottes - tende désormais à rentrer dans le rang, à s’aseptiser, s’assagir, voire à se tourner (par souci d’ "ouverture" au monde ?!...) vers des finalités et des compromissions bassement mercantilistes et souvent bien éloignées de ses influences et aspirations initiales, qui à terme finiront par le dénaturer ; tout comme les Vikings se sont laissés progressivement christianisés, jusqu’à perdre les traces les plus fortes de leur identité. Cela a de quoi chagriner un peu, cette docilité sur le tard, préfigurant la chute.

 

  • Votre choix, pour évoquer les Vikings à l’occasion des Médiévales de Cerisiers, s’est porté plus spécifiquement sur des reprises de Storm et Bathory ? En quoi, ces groupes sont des références pour vous?

Marion-Lamita - Je laisse la parole à Tony sur ce sujet, car je dois dire que je ne connaissais pas spécialement le groupe Storm avant le concert (belle découverte cela dit au passage !). En ce qui concerne le groupe Bathory, j'en avais évidemment entendu parler, mais mes références dans la musique ‘metal’ viennent davantage du ‘doom’ ainsi que du metal symphonique, gothique, etc., ce qui fait que je ne m'étais pas vraiment intéressée à ce groupe jusque-là.

Tony -  Alors, il faudrait vérifier car je peux me tromper, mais il me semble que l’album de Storm n’utilise cette facette "Viking" que partiellement, et uniquement pour exalter les racines plus profondément "nordiques" au sens large de Fenriz (Darkthrone) et de Satyr (Satyricon) - puisque ce sont eux qui se cachent derrière ce projet (sous leur vrai nom en fait !...). Je veux dire par là, l’empreinte 'viking' est évidemment un élément indélébile de cette identité, mais il me semble qu’ils reprennent surtout des chansons traditionnelles norvégiennes ne datant pas spécialement de cette époque…

Erzebeth set list du concert à Cerisiers, le 01.07.2017En tout cas, lorsque je me suis penché sur les paroles traduites de Nagellstev que j’ai chanté à Cerisiers (qui est d’ailleurs plus pour moi un 'hymne' culte qu’autre chose, et un incontournable avec les potes lors de soirées un brin alcoolisées, dirons-nous… - rires), j’y ai plus vu une ode nationaliste aux paysages et à l’identité de la Norvège rurale et sauvage qu’un chant de guerre qu’auraient pu chanter les hommes d’Erik le Rouge (rires). Ce que Fenriz et Satyr ont le plus conservé de cet esprit ‘Viking’ en fait (encore une fois, il fallait sûrement plus y voir une forme de ‘provocation’ à laquelle les ‘mighty’ Darkthrone sont habitués depuis belle lurette !), en plus de ce chant que l’on imagine caractéristique, c’est cette rengaine explicitement anti-chrétienne, jusqu’à en transformer un genre de comptine pour enfants ("La Ballade d’Ingrid", ou je ne sais plus quoi…) en imprécation à aller massacrer du Chrétien dans les montagnes à la fin de leur version d’"Oppi Fjellet" ! (rires)  Ce qui entraîna d’ailleurs, l’anecdote peut faire sourire, la défection et le désaveu de leur chanteuse Kari Rueslåtten qui fit alors mine de découvrir la nature profonde de ses deux compagnons de disque ! Bref… Dommage qu’ils n’aient pas remonté le projet, avec par exemple Amalie de Myrkur et Gaahl (Wardruna, ex-Gorgoroth) à la place, c’eut été parfait ! 

Concernant Bathory, c’est évidemment tout autre chose… Déjà vu le sujet d’étude central d’Erzebeth, le choix allait forcément de soi ! (sourire…) C’est comme si Mob Rules n’avait jamais écouté Black Sabbath ou qu’Overkill n’avait jamais repris du Motörhead, tu sais !… Mais malgré mon passé/passif ‘black-metal’ et le culte que je voue aux premiers albums de Quorthon dans ce registre (qu’il a contribué à créer, d’ailleurs !), je dois dire que je suis surtout très admiratif des albums qui ont inauguré (et là encore avant tout le monde, si ce n’est les quelques emprunts aux premiers Manowar…) son ère ‘Viking Metal’ !! Parce que c’était fait de bric et de broc, l’impression d’avoir été enregistré dans une cave là encore, le chant parfois très approximatif, mais c’est justement cette authenticité que j’ai toujours aimée et qui fait parfois défaut à tous ces groupes qui pensent qu’il faut en faire toujours des "caisses" pour sonner 'larger than life', épique et guerrier… Quorthon était un vrai passionné, inspiré, pas un virtuose pour autant, et ça lui a suffi pour créer de grandes fresques musicales immortelles, aujourd’hui gravées pour l’éternité. Je voyage littéralement quand je me passe un de ses vinyles de l’époque !

Quand on l’écoute encore aujourd’hui, on se dit que voilà, les guerriers du Nord n’étaient pas des futurs premiers de conservatoire après tout (rires), et c’est très bien comme ça. C’est peut-être lui qui, instinctivement, a le plus rendu hommage et honneurs, sans le savoir, à tous les fondements et aux racines pures de cette culture viking au sein de la scène metal, malgré la foule de disciples de talent que l’on trouve aujourd’hui… Le choix de "Song to Hall Up High" s’imposait donc de lui-même. La prochaine fois, on enchaînera avec " Home of the Once Brave" !

 

Nagellstev - Cover by Erzebeth (French metal band)

 

  • Quel intérêt et quel regard portez-vous respectivement sur cette période de l’Histoire qu’est l’Âge Viking ?

Marion-Lamita - J'ai beaucoup d'intérêt pour l'Histoire. Par exemple la période historique du XVIIIème siècle français me fascine, et j'aime beaucoup aussi le XIXème anglais (époque Victorienne). En revanche, je dois avouer que je ne suis pas du tout spécialiste de l'Âge Viking... Mais cette interview a éveillé ma curiosité et je pense que je vais aller lire des articles et livres à ce sujet !

Tony - Ce qui me fascine le plus dans cette période instable (notamment pour nous !), et sur cette société viking en particulier, ce n’est pas tant ce que l’on en sait, ou pensions en savoir, mais tout ce que nous ignorions et parvenons finalement à découvrir quand on se donne la peine de creuser et d’aller plus loin que les poncifs véhiculés par les livres d’école (Vikings = êtres primaires assoiffés de sang, en gros), reprenant en cela les éternelles rengaines des auteurs chrétiens, dont les aînés avaient certes bien dégusté à l’époque, mais qui avaient eu leur revanche depuis, me semble-t-il… Bref, c’est bien connu, ce sont les vainqueurs qui écrivent l’Histoire !

Et là j’établirai un parallèle avec la comtesse Erzebeth Bathory justement, dont on ne retient plus aujourd’hui que le 'folklore' qui l’entoure, à savoir tout autant d’histoires à dormir debout ou à faire peur aux mômes (largement extrapolées par exemple sous la plume d’une Valentine Penrose illuminée, dans le roman qu’elle a tiré de cette histoire…) : la baignoire de sang de la pochette de Cradle of Filth, la "Vierge de Fer" (instrument de torture qui n’a pourtant pas été retrouvé sur les lieux), les milliers de jeunes filles assassinées et enterrées autour du château, etc. Souvent une étrange similitude d’ailleurs avec l’histoire de Dracula, issue de la Roumanie voisine. Or, plusieurs historiens contestent aujourd’hui l’authenticité et même la vraisemblance de ces faits, et finissent par s’interroger sur une possible machination qui aurait été mise en place pour faire ‘tomber’ la Comtesse... Par l’alliance avec son mari, elle appartenait à la famille la plus puissante, riche et influente de la Hongrie de l’époque – plus alors que l’Empereur lui-même – et même ensuite après la mort de Ferenc, et le legs de toutes ses terres à son épouse, cette dernière devenant alors d’autant plus vulnérable à toutes les convoitises.

Concernant les Vikings, c’est pareil je dirais, et il est intéressant de lire les deux interviews sur ton site Idavoll : celle de Dan Thorgis [cf. Dan Thorgis, romancier et capitaine du navire Gungnir, ndlr] qui voit plutôt le mobile de vengeance anti-Chrétienne derrière la majorité des actes de cruauté et de pillages de nos guerriers venus du froid, et celle de Joëlle Delacroix  [cf. Joëlle Delacroix, romancière, ndlr] qui défend plutôt la thèse selon laquelle ces derniers agissements étaient plutôt le fruit d’un concours de circonstances, motivés par l’enrichissement avant tout.

Si le flou règne un peu sur la question (surtout pour moi qui suis loin d’être aussi documenté !), il reste que les Vikings ont été victimes eux aussi d’une " mauvaise presse", de colporteurs de rumeurs sensationnalistes qui ont déformé la réalité, comme dans le cas de la Comtesse Bathory. N’oublions pas que ces guerriers (ils l’étaient aussi, pour sûr !) appartenaient avant tout à une société civilisée et disciplinée d’explorateurs et de marchands, et qu’en tant que tels ils nous ont grandement apportés, notamment certains noms propres, éléments de langage, objets de la vie quotidienne ou encore dans le domaine de la technologie maritime et militaire.

 

  • Pouvez-vous nous citer quelques-unes de vos références personnelles sur le thème des Vikings et nous expliquer en quelques mots votre choix ?

Une musique?

 

Marion-Lamita -  L'album "King of Kings" de Leaves’ Eyes, que je trouve très bien exécuté, et qui raconte l'histoire d'un Roi de Norvège à l'époque viking !

Tony - Je citerai spontanément "793 (Lindisfarne)" d’Enslaved, déjà parce que musicalement je le trouve très réussi en terme d’immersion dans cet univers, et parce qu’il traite de l’un des premiers – en tout cas le plus emblématique et "fondateur" –  raids vikings sur un monastère anglais. Ensuite, j’avancerai n’importe quel titre du "Twilight of the Gods" de Bathory (chacun d’entre eux étant une véritable 'invitation au voyage', un grand moment d’évasion à la fois dépaysant et comme empreint d’une étrange 'familiarité'…); ou encore le lancinant "Nordmännerlied" des infâmes Absurd, qui à défaut de me donner envie de tendre le bras comme eux, a au moins le mérite de me le faire le balancer tel un knorr bondissant sur l’écume et les flots… Bref, tout ce qui peut me faire ressentir le souffle épique et ancestral de la destinée de ces fiers guerriers, et pas seulement des odes à la cervoise et autres 'flonflons' de fêtes au village, destinés à faire remuer les derches dans une scène ‘metal’ pagan/folk gloubi-boulga aujourd’hui sursaturée…

Un film?

Vikings, Severed Ways

Tony - Encore une fois, la dichotomie dans le regard que l’on porte sur les Vikings (cf aussi la lecture et l’exploitation de la mythologie 'guerrière' - et surtout l’interprétation de ce qu’une telle notion implique au sein de la musique dite 'metal', ahem…) se retrouve également dans le traitement qui leur est régulièrement réservé par Hollywood… Quoi de commun en effet entre un film 'clinquant' et grand spectacle tel que Le 13ème Guerrier et un film minimaliste avec bien moins d’action mais sûrement plus réaliste aussi comme Severed Ways: the Norse Discovery of America?

Autrement, en film d’animation, j’ai bien aimé Beowulf. J’attends encore le film qui mêlera tous les éléments pertinents et cohérents de cette culture sans tomber dans le cliché… J’ai entendu parler d’un plus récent Valhalla Rising, il paraît qu’il est pas mal ?!  

Un livre ou une bande-dessinée?

Edda, Snorri Sturluson

Tony - Astérix et les Normands !!! (rires)  On rigole, mais ça a été ma première incursion étant môme au cœur de cette civilisation nordique, avec l’imagerie qui allait de pair, les drakkars, les noms en "-af ", le folklore - boire dans les crânes, comme quoi ils ne connaissaient pas la peur, etc. Et ça m’avait déjà fasciné ! Je pense qu’avec un peu plus de culture dorénavant (et l’humour et le second degré indispensables), cette BD a bien vieilli et est toujours aussi recommandable.

Plus sérieusement, il y a évidemment les Eddas de Snorri Sturluson que je n’ai hélas pas pu achever mais qui sont également une belle immersion dans cet univers, son folklore, son imagerie et son symbolisme.

Un fait ou une découverte historique ?

Leif eirikson découvrant l' Amérique par Christian Krohg

Tony - A part l’emblématique attaque de Lindisfarne, citée plus haut et qui a inauguré leur 'légende', on peut penser au plus méconnu siège de Paris (885-887) par les hommes de Siegfried - fort bien documenté par la talentueuse plume de Joëlle Delacroix (que nous avons eu la chance de rencontrer aux Médiévales de Cerisiers !) dans son dernier roman en date. Cet épisode fut redoutable en termes de pillages - notamment pour nous, Bourguignons! - mais permit au moins d’imposer le noble résistant Eudes comme nouveau Roi des Francs au détriment du lâche Charles III (dit Le Gros), celui-là même qui, dépassé par les événements, avait jeté en pâture nos terres de Bourgogne aux guerriers du Nord. Ces derniers auront donc ainsi précipité, avec la chute de l’ancien monarque, celle de l’empire Carolingien tout entier ! Nos fiers Vikings furent décidément le tournant de bien des destinées…

A titre personnel, je retiendrai surtout leur découverte du continent américain bien avant Christophe Colomb, d'autant plus que certains ont du mal encore aujourd’hui à rendre à … non, pas à César, mais au grand Leif Eriksson ce qui lui appartient !

 

  • Pour finir avec Erzebeth, ce concert à Cerisiers était une avant-première de bien des façons ! Quels sont vos futurs projets ?

Marion-LamitaNous avons le projet en effet de rejouer en configuration acoustique avec Erzebeth ! D'ailleurs, si jamais vous souhaitez nous ‘booker’, n'hésitez pas ! Mais nous continuons bien sûr tranquillement l’enregistrement de notre album, qui devrait du coup ne pas voir le jour avant 2018. En parallèle, j'enregistre le premier EP, ‘Lux in Tenebris’, de mon projet solo Marion Lamita, et je prévois de recruter dans quelques mois des musiciens pour jouer mes compositions, en live et en électrique cette fois !

Enfin, je chanterai sur le prochain album de Giotopia, un opéra-metal racontant une histoire dans un style "fantasy", en compagnie de Fabio Lione (Rhapsody & co), Ralf Sheepers (Primal Fear, ex-Gamma Ray) et bien d'autres artistes ! J'interpréterai le rôle d'Enchantress Lumita, dont le nom a été inspiré de mon prénom roumain (qui est aussi une déformation de mon nom de scène).

Tony - Merci à toi Lydie, pour cette superbe interview, et pour l'intérêt porté à Erzebeth ! Beware !! The Countess abides.

 

Merci à vous trois, Marion, Tony et Quentin, pour ce voyage musical dans le temps que vous avez joué, à Cerisiers, avec tout le brio et la passion qui vous caractérisent! En vous souhaitant que ce soit le point de départ d'une longue route conquérante. 

Merci également de vous être prêtés au jeu des questions sur les Vikings, afin d'aborder les affinités entre le Metal et les Vikings, ou plus largement encore l'Histoire. Une lecture pour patienter, en attendant l'arrivée de votre futur album Blurred by the Crimson Curse’ dont voici un extrait, toujours en acoustique, ci-après.

 

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"Fêtes médiévales, petits festivals, scènes de plein air ou simples concerts de tous horizons, en salle ou en extérieur, intimistes ou plus festifs... Erzebeth propose des concerts type 'folk lyrique' en configuration de trio, avec des compositions originales et de nombreuses reprises (médiéval, Renaissance, metal sympho et atmo, hard rock 70's, musiques du monde, folk, viking, traditionnel, etc.).

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